Conférence du 5 juin dernier 2013

Les défis humains qui confrontent le Québec

 
La Société de recherche en orientation humaine (SROH) organisait le 5 juin dernier ses consultations annuelles pour présenter au public ses réalisations, ses actions et l’orientation de ses activités pour la nouvelle année de programmation qui s’amorcera à l’automne.  Ces consultations étaient suivies de la première partie de son assemblée générale annuelle.
 
Pour nous permettre d’approfondir notre compréhension des enjeux qui confrontent la société québécoise sur un plan humain, nous avions invité en première partie de la rencontre  l’honorable Jean-Pierre Charbonneau, ancien président de l’Assemblée nationale du Québec, membre du conseil d’administration d’Oxfam Québec, commentateur politique, journaliste, coopérant et surtout citoyen engagé. Tenter de synthétiser les échanges auxquels son intervention a donné lieu n’est pas une chose facile, mais nous espérons que ces quelques lignes donneront le goût d’aller plus loin.
 
 
 
Avec son bagage d’expérience, ses travaux sur la réforme démocratique au Québec, sa participation quotidienne à une émission d’actualité à la télé, il n’est pas étonnant que notre conférencier ait d’entrée de jeu donné son verdict : le décrochage citoyen pour expliquer le discrédit actuel des institutions et de la classe politique, le dérapage de potentats qui ont détourné les institutions et leurs ressources pour leur bénéfice personnel et ceux de leur amis. 

Cette forme de décrochage n’est pas sans nous rappeler son lointain cousin le décrochage scolaire.  Ses symptômes sont différents, mais leurs effets sont tout aussi dévastateurs. Ce  décrochage citoyen a de multiples causes, et l’exposé interactif de notre conférencier nous aura permis de plonger dans l’histoire du Québec à partir de la révolution tranquille jusqu’à nos jours et d’établir quelques constats.
Au début de la révolution tranquille, le Québec a été porté par une soif de modernité, le goût d’un nouvel ordre social, économique et culturel.  La population avait une aspiration commune d’affranchissement incarnée par le slogan de Maîtres chez nous de Jean Lesage. L’aboutissement de ce cheminement a amené le Québec à se prononcer sur son avenir à deux reprises, en 1980 et en 1995, et les deux fois, il s’est refusé ce droit.  L’idée ici n’était pas de refaire le débat référendaire mais plutôt d’illustrer comment le refus d’une ambition collective ait pu donner un élan à la réalisation d’objectifs individuels.

Dans les faits, hier comme aujourd’hui, il y a toujours eu une minorité de gens qui sont engagés dans les affaires de la Cité.  Ce qui met en relief l’importance d’un leadership non pas individuel mais également collectif.  Autrement dit, comme le démontre l’histoire, remettre notre sort voire notre destin entre les mains d’un leader sans une conscience citoyenne active peut-être hasardeux , d’autant plus , que la nature humaine d’un leader ne peut pas en faire un être omniscient.  Des citoyens éclairés, informés, engagés et actifs sont essentiels à un leadership réussi et une telle réussite se mesure par la qualité et la pertinence des réalisations accomplies pour les générations actuelles et futures.

L’existence d’un citoyen engagé dans toutes les causes, sur tous les fronts, relève probablement de l’utopie. Cependant, il existe des assises élémentaires qui sont souhaitables comme : la participation aux choix électoraux, la maîtrise d’un minimum de connaissances pour favoriser une capacité de discernement et une capacité de résistance à la manipulation.

Ces prérogatives relèvent à la fois du citoyen qui a le devoir de s’informer, de comprendre le fonctionnement de la société, ses institutions et ses processus , et également du système d’éducation et des autres acteurs sociaux comme les médias qui doivent contribuer à cet éveil et à cette compréhension historique, sociale ou institutionnelle, essentiels à une saine démocratie.

Notre conférencier a conclu en  soulignant l’importance de l’espoir, un élément essentiel de l’engagement et du leadership et son corollaire la passion. Malgré l’importance du cérébral dans l’action, le moteur de cette action relève souvent de la passion, de l’émotion qui donnent une pulsion vers une forme de dépassement.

À la suite de la conférence, la SROH a présenté le compte rendu de ses activités de l'année, disponible en ligne.

P. Luc DUPONT, Président